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le poète

 
C’est une aurore ! Je l’annonce,
Peuple ! moi, poète et devin,
À toi qui, les pieds dans la ronce,
Prépares le réveil divin.

Jette la faulx rouge où s’allume
Un éclair, ô faucheur ! Remets
Le marteau brutal sur l’enclume,
Forgeron ! Sur les noirs sommets

Éteins la torche, incendiaire !
Épargne, ô peuple, ô vendangeur !
Aux pressoirs de Vendémiaire
La souillure du sang vengeur.

C’est l’aurore, l’aurore immense
Où sur le monde dévasté
La pitié sème la semence
De l’amour et de la bonté.

Voici les vertus fraternelles
Et la Justice, ange serein,
Abritant de ses doubles ailes
La balance aux plateaux d’airain.