Page:Guerne - Les Flûtes alternées, 1900.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
les flûtes alternées

 
Le riche dit : — Je suis roi ; l’onde
Du torrent coule en mes viviers ;
Je regarde ma moisson blonde
À l’ombre de mes oliviers.

Comptez les brins que l’on voit poindre
Au printemps, dans les prés herbeux.
N’est-ce pas que leur nombre est moindre
Que le nombre de mes grands bœufs ?

Je vends le bois sec des futaies
À la veuve ; à l’enfant errant
Les mûres noires de mes haies.
Étant bon, si la mort les prend,

Je loue au pauvre qui succombe,
À la mère en pleurs, à l’aïeul
Le coin de terre pour la tombe
Et le haillon pour le linceul.

Et si, du côté des chaumières
En passant, par hasard, je vois
Près du seuil des roses trémières
Et des iris au coin des toits.