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le poète

 
Il vivait, ô volupté douce !
De lui-même l’arbre laissait
Pleuvoir ses fruits mûrs sur la mousse
Aux pieds du vieillard qui passait.

L’homme, dans la floraison rose
Du matin que rien ne ternit,
N’ayant pas besoin d’autre chose
Que l’oiseau pour bâtir son nid,

L’âme de joie et d’amour pleine,
Ne demandait à ses brebis
Que de laisser un peu de laine
Aux épines pour ses habits,

À la source, que d’être claire
Sur son lit de gravier mouvant,
À la vierge que de lui plaire,
Au lys que de fleurir, au vent

De n’apporter que des aromes
Et des souffles aux moissonneurs,
Afin d’accroître sur les chaumes
La part égale des glaneurs.