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les flûtes alternées

 
Il dit la nuit aveugle et sombre,
Et le chaos strié d’éclairs
Où, comme une étoile de l’ombre,
Jaillit la Pensée aux yeux clairs,

Et la fuite des monstres vagues
Vers la cime ou vers le vallon,
Se bousculant comme des vagues
Dans la rumeur de l’aquilon.

Il dit le ciel, l’aube première
Émergeant des flots, teints de sang,
L’ascension de la lumière
Sur l’univers resplendissant,

Tous les abîmes où pénètre
Un esprit, flottant au milieu
Du limon où vagit un être,
De la nue où s’ébauche un Dieu,

Toutes les forces prisonnières
Rompant leurs chaînes tour à tour
Et s’évadant de leurs tanières
Et rugissant vers le grand jour,