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le poète

 
Assis, pensif et solitaire
À la lisière du bois noir,
Il évoque dans le mystère
Le blanc fantôme de l’espoir.

Il est le mage qui prodigue
Les chants, de pleurs entrecoupés,
Et qui promet à la fatigue
Le gazon fleuri des Tempés,

Celui qu’on nomme le Poète,
Le consolateur radieux
Qui suscite en la nuit muette
L’âme éparse des anciens Dieux.

Lui qui songeait depuis l’aurore
Se redresse, chantre inspiré,
Et la grande lyre sonore
A frémi sous son doigt sacré.

Entouré par la foule immense,
Oublieuse des labeurs vains,
Il rêve, bénit et commence
Le poème des jours divins.