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les flûtes alternées

 
Où va-t-il dans le couchant rouge,
Si triste à l’heure du repos ?
S’étendre dans le morne bouge
Sur la litière des troupeaux.

Il a fait son labeur servile,
Sous l’hiver, la pluie et le vent,
Scié les pierres pour la ville,
Semé le blé qu’un autre vend.

Les filles pâles sans y mordre
Ont cueilli les fruits des vergers
Et tassé les gerbes en ordre
Dans les greniers des étrangers.

Et ce peuple sur l’âpre route
Défile, défile sans fin.
Le bouc est repu, l’agneau broute,
Le bœuf mange ; le pâtre a faim,

Ô deuil ! Mais tous soudain s’arrêtent,
Faucheurs, bûcherons. En passant
Ils ont vu l’Homme que revêtent
Les rayons du jour finissant.