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le grand bé

 
Mer ! couché sous les herbes rases,
Qu’il écoute, le fier dormeur,
Sonner encor les grandes phrases
De l’orage et de ta rumeur !

Lune ! qu’à ta clarté pâlie
Sur le sépulcre, environné
D’un brouillard de mélancolie,
Se penche l’ombre de René !

Qu’ébranlant de leurs doigts fluides
Les harpes au chant alangui,
Des spectres mornes de Druides
Parent l’écueil de nouveau gui !

Qu’il dorme, toujours solitaire,
Comme l’aigle des océans,
Loin des murmures de la terre,
Dans le fracas des flots géants,

En face de l’immense abîme
Qui prolonge éternellement
Le rêve du tombeau sublime
Jusqu’à l’horizon écumant !