Page:Guerne - Les Flûtes alternées, 1900.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
nox in lumine

 
Mais tout à coup la voûte immense
Palpite ; un astre, un astre encor !
Quelle est la main qui l’ensemence
Avec des grains d’étoiles d’or ?

Et le rêveur farouche oublie
Les choses que l’ombre contient.
Dans la lumière ensevelie,
Son âme s’épanche. Il devient

Le confident héréditaire
De la vieille nuit, le voyant
Lisant au livre du mystère
Les strophes du ciel effrayant.

Lui qui dans l’immensité guette
Des levers d’astres éclatants
Achève humblement la conquête
Qu’ébauchèrent les premiers temps.

Sa main, sur ses yeux attardée,
Refait le même geste obscur
Que les pasteurs de la Chaldée
Interrogeant l’horizon d’Ur.