Page:Guerne - Les Flûtes alternées, 1900.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
nox in lumine

 
Par les sentiers, dans l’herbe sombre,
Le faucheur revient à grands pas
Et l’on entend rouler dans l’ombre
Des chariots qu’on ne voit pas.

C’est l’instant où, quand tout se voile
Et décroît au lointain bruni,
En tremblant la première étoile
Brille dans l’espace infini.

C’est l’heure sévère du rêve.
L’homme que le jour accabla
Sent que dans son esprit s’élève
Le vent sacré de l’au-delà.

Spectre nocturne dont la brise
Agite et gonfle le manteau,
Le songeur, forme vague et grise,
À pas lents gravit le coteau.

Au faîte noir de la colline
Il médite et sur un bâton
Croise les mains et, grave, incline
Sur ses mains jointes son menton.