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aveu suprême

 
Ô vous qui fûtes une heure
L’étoile de mon ciel noir,
Soupçonnez-vous que je pleure
D’être un jour sans vous revoir ?

Savez-vous qu’un deuil m’oppresse
Quand vous fuyez ? Je me plains
Et je jette ma sagesse
Par-dessus tous les moulins.

Dans mon cœur, jadis morose,
En fleur aujourd’hui, je sens
S’ouvrir la dernière rose
Des automnes finissants.

Je frissonne quand je touche
Votre main ; quand vos cheveux
M’ont effleuré, j’effarouche
La forêt de mes aveux.

Je dis : J’aime ! au vent sonore,
Au ruisseau : Ses yeux sont doux !
Aux grands chênes : Je l’adore !
Aux buissons : Étoilez-vous !