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Le Poète, qui s’aventure
Dans le bois aux charmants détours,
Écoutera dans la nature
Toutes les voix et les amours.

Il dira la terre féconde,
Les prés épais et les blés d’or,
La forêt qu’Octobre fait blonde
Et Lycoris plus blonde encor ;

L’arbre où, des siècles épargnée,
L’Hamadryade pleure en vain
Lorsque saigne sous la cognée
La blessure d’un tronc divin,

Et la terreur du crépuscule
Quand, bondissant des halliers verts,
Pan, aux désirs sans frein, circule,
Immense et nu dans l’univers.

Et quelquefois, quand les bruines
Estompent les lointains voilés,
Il s’asseoira sur vos ruines
Temples déserts, autels croulés !