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rayon d’automne

 
Moi qui reste seul et m’incline
Sur la pente des jours, ainsi
Qu’un vieil arbre sur la colline,
Moi dont le seuil est obscurci,

Qui vois au mur de ma chaumière
Chaque soir, un rosier jaunir,
Hélas ! moi qui n’ai pour lumière
Que le reflet du souvenir,

Je renais au divin mensonge
D’un renouveau mystérieux
Et je ressuscite le songe
Du jeune amour en vos doux yeux.

Je sens l’ivresse et non la honte ;
J’aime, je tremble et suis pareil
Au pasteur des monts, lorsque monte
L’ardent quadrige du soleil.

Tout s’éclaire ; la cime est rose,
Des traits d’or percent les buissons,
Une clarté d’apothéose
S’épanouit aux horizons.