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Meurtri par l’orage et la lutte.
Désertant les saintes hauteurs,
Tenter un instant sur la flûte
Les chants agrestes des pasteurs,

Et loin des demeures divines
Et loin des palais meurtriers,
Quand l’ombre croît dans les ravines
Danser avec les chevriers ?

N’est-ce pas, ô sévères Muses !
Qu’au penseur il faut le repos,
La ruche aux abeilles camuses,
La mousse aux nids, l’ombre aux troupeaux ?

Que le quadrige aux bonds superbes,
Après la victoire, a besoin
De la molle fraîcheur des herbes,
D’orge vulgaire et d’humble foin ?

Mais, ô printemps ! tardive aurore !
Source, ruisseau, fuyant miroir,
Ô plaines que le soleil dore,
Que la lune argenté le soir.