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les flûtes alternées

 
Elle a cette beauté qui de la mort s’exhale
Et cette majesté que donne le linceul.
C’est elle et ce n’est plus que la forme idéale
De son âme pensive où survit l’amour seul.

Car tout ce qui doutait, penchait, souffrait en elle
Meurt et s’évanouit comme un songe effacé.
Une auguste splendeur fait sa chair éternelle
Comme un marbre divin dans un temple dressé.

Et l’homme, en la voyant si sereine et si pure,
Mystérieusement sent quelque chose en lui
Qui ressuscite enfin et qui se transfigure
Ainsi que les forêts lorsque l’hiver a fui.

La vie est à ses yeux comme une plaine immense
Où tout, prés, champs, coteaux, marais aux noirs limons,
S’éclaire et resplendit quand l’aurore commence
À descendre du ciel par l’escalier des monts.

La Beauté sans déclin dans son âme profonde
Rayonne. Adieu désirs, voluptés, vains transports,
Illusions ! C’est toi dont la clarté l’inonde,
Amour, suprême Amour sans trouble et sans remords !