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sérénité

 
Il se repose enfin sous le grand ciel paisible.
A-t-il souffert ? peut-être. Et pleuré ? qui le sait ?
Ainsi que la rosée une haleine invisible
A doucement séché les larmes qu’il versait.

Oh ! comme tout est beau sous le firmament calme !
Dans le tranquille azur quelle forme apparaît,
Blanc fantôme d’amour ayant en main la palme
Et l’encensoir mystique où brûle un feu secret ?

C’est elle, la première et l’immortelle aimée,
Qui s’élève pareille aux vierges des vitraux,
Dont la robe de lin tombe à plis droits, semée
D’hermines, de croissants et de lys sidéraux.

Elle marche à travers des palais de nuages,
Sous de mouvants arceaux qu’ébranle un frais zéphyr,
Vers d’immatériels et chastes paysages
Où l’herbe d’émeraude a des fleurs de saphir ;

Où dans le clair lointain la nue agile creuse
De bleus vallons, peuplés d’anges musiciens.
Elle approche à pas lents dans l’ombre vaporeuse ;
Et les yeux de l’aimé se mirent dans les siens.