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sérénité


XX

SÉRÉNITÉ


Oh ! comme l’horizon s’illumine à mesure
Que l’homme, ayant gravi les monts où le jour luit,
Sent que son âme s’ouvre et par degrés s’azure
Ainsi que des coteaux qui sortent de la nuit !

Maintenant que pour voir les aigles et les nues
L’homme est monté si haut qu’il doit baisser les yeux,
Maintenant que, baigné de lueurs inconnues,
Il n’a plus sur son front que la clarté des cieux,

Sa pensée, échappant aux entraves charnelles,
Sur le sommet conquis se pose en liberté,
Et, virginale, emprunte aux neiges éternelles
Un peu de leur candeur et de leur chasteté.