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les flûtes alternées


XVII

LA PITIÉ DE L’AMOUR


Puisque échanson divin, Éros nous tend sa coupe,
Puisque le blanc cheval Pégase prend en croupe
Nos destins, nos désirs, nos rêves fabuleux
Et nous jette, effarés, dans les infinis bleus,
Puisque le ciel profond s’ouvre, puisque la joie
Comme un soleil d’été sur notre amour flamboie,
Puisque les Dieux jaloux disent sans doute entre eux :
— Nous sommes tout puissants, mais eux sont amoureux,
Aimons ! Puisqu’il suffit, ô belle, que tu passes
Dans le bois où ta main courbe les branches basses
Pour que le bois bourgeonne et pare ton chemin
De fleurs d’azur, de fleurs de neige et de carmin,
Puisque tout l’univers s’unit à notre fête,
Puisque du mont sacré nous conquérons le faîte,