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les flûtes alternées

 
Les laboureurs riront en la voyant paraître
Lorsque, midi qui flambe invitant au repos,
Elle viendra poser sur la table de hêtre
Les gâteaux de farine et le lait des troupeaux.

Et c’est elle, au moment où le soir devient sombre,
Où l’on entend des voix dans les sentiers herbeux,
Qui marquera d’un trait sur la porte le nombre
Des chars de blé rentrant au pas pesant des bœufs.

Puis, quand la nuit divine emplit les chambres hautes,
Sous la lampe de bronze assise loin des yeux,
Sans interrompre en vain les longs récits des hôtes
Et toujours attentive aux conseils des aïeux,

Qu’elle file en silence, enroule et développe
Sur le rouet bruni les soyeux écheveaux
Et se plaise à guider, pareille à Pénélope,
L’aiguille familière et prompte aux beaux travaux.

Telle, comme un trésor mystérieux, la femme
Prodigue de son cœur, riche de sa raison
Et chère à son époux et moitié de son âme,
Dans la paix et l’amour fait croître la maison.