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Il est temps, — car ta vie épanouie et forte
Atteint le faîte heureux sans redescendre encor, —
Au grave et chaste hymen d’ouvrir enfin ta porte
Et d’aller à la ville acheter l’anneau d’or.

Il est temps que l’esclave industrieuse couse
La tunique de laine et brode un voile épais
Pour vêtir à ton seuil l’irréprochable épouse
Dont le cœur est candide et dont l’âme est en paix.

Choisis-la jeune, vierge et pudique, avant l’âge
Où les rudes bouviers, amis de Pan, le soir,
Entraînent en riant sous le sombre feuillage
Les filles aux bras nus qui rentrent du lavoir.

Née un jour favorable et d’une race antique,
Fière comme un grand lys dans un jardin d’été,
Qu’elle répande autour du foyer domestique
Ainsi que des parfums sa grâce et sa beauté.

Au chant soudain du coq se levant la première,
Diligente et déjà parée au point du jour,
Elle partagera la tâche coutumière
Aux serviteurs nombreux, éveillés à leur tour.