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les flûtes alternées

Soupiraient ; vous viviez en des apothéoses
De parfums, de clartés, d’étoiles et de roses,
Sur un terrestre Olympe amoureux et charmant.
Et le poète alors, grave et secret amant,
Disait tout bas : — Destin, sois sûr et sois propice !
Sa vie est une fleur au bord d’un précipice ;
De cette tige frêle, ô vents, éloignez-vous !
Que le ciel toujours bleu, l’air, toujours calme et doux,
L’enivrent ! Diamants que la flamme environne,
Étincelez ! Rubis, saignez à sa couronne !
Ô temps, sois immobile autour de sa beauté !
Que le chagrin, vautour par l’amour écarté,
Ignore en son vol noir son foyer et son âme !
Corolles de la fleur qu’un dieu nomma la femme,
Fleurissez, ô vertus, comme le lys des eaux !
Et vous, souffles des cieux, zéphyrs, et vous, oiseaux,
Unissez vos concerts aux chants de sa pensée !


II


Le poète est fidèle à votre âme blessée
Et vous dit : — Nos destins sont des gouffres profonds.
Tout ment et nous trahit ; lorsque nous triomphons