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à un jeune poète

Les cheveux, se parfume, effleure les seins nus
Et se disperse. On sent en tes vers ingénus
Des abeilles vibrer et des roses éclore.
Ta maîtresse a vingt ans ; elle est belle et t’adore ;
Tu l’aimes ; mais parfois, volage, enivré, fou,
Ton amour, qui s’échappe et fuit on ne sait où,
À ses ailes d’azur rapporte un peu de fange.
Et souvent on distingue une larme qui frange
Tes cils, ainsi qu’en mai restent, diamants clairs,
Des gouttes de rosée au bout des roseaux verts.

Joie, orgueil, volupté, chantent dans ton poème ;
Un cœur s’épanouit et la jeunesse sème
À pleines mains les fleurs, les rires, les oublis
Dans ces pages d’Avril que, pensif, je relis.
Oui, pensif. Car je cherche et ne trouve point. Être
Comme Tytyre assis dans l’herbe, au pied d’un hêtre,
Guetter Amaryllis, sur la flûte à sept trous,
Dès l’aube, moduler un chant léger et doux,
Surprendre au fond des bois des groupes et des danses,
S’éblouir et jeter au vent ses confidences
Ainsi que l’alouette en montant au ciel bleu,
Jeune homme ! c’est charmant, c’est divin, mais c’est peu.