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les flûtes alternées


VII

À UN JEUNE POÈTE


Ton livre jeune et frais, aimé des cœurs fidèles,
Poète, est comme un nid plein de chansons et d’ailes,
De senteurs, de clartés, d’aurore, de printemps.
Du fond de mon hiver, en tes strophes j’entends
Le chœur voluptueux des voix qui me bercèrent.
J’y vois ressusciter mes jours qui s’effacèrent
Comme l’ombre des bois sur les coteaux. Tu ris
De rencontrer Néère égarée à Paris
Ou Glycère à Lesbos, et tu fais dans l’églogue
S’éterniser l’ardent et furtif dialogue
Des amoureux qui vont sous les arbres secrets.
Toujours un cœur s’émeut et bat quand tu parais ;
Ton baiser comme un souffle errant et libre joue
Parmi les plis légers des tuniques, dénoue