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I




Nuit d’ombre, nuit tragique, ô nuit désespérée !

J’étouffe dans la chambre où mon âme est murée,
Où je marche, depuis des heures, âprement,
Sans pouvoir assourdir ni tromper mon tourment,
Et j’ouvre au large clair de lune la fenêtre.

Là-bas, et ne laissant que son faîte paraître,
Comme une symphonie où court un dessin pur
La montagne voilée ondule sur l’azur,
Et lie à l’orient les étoiles entre elles.