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Le Cœur Solitaire 83
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XXXI

Ma douce enfant, ma pauvre enfant, sois forte et calme.
Pense à Dieu, pense à notre amour étemel. Lève
Les yeux, souris, et vois, d’un battement si faible
Mes cils mouillés répondre à ton sourire pile.

Dis-moi : Je t’aime, encor : Je t’aime, et puis ne parle
Plus ; les mots font mal à ceuxqui vont mourir. Laisse
Ta gorge se gonfler sur mon cœur, à mes lèvres
Laisse ta main qui tremble en essuyant des larmes.

Tristement, âprement, nos bouches s’enveloppent
Dans un dernier baiser surhumain qui sanglote.
Et maintenant, adieu, tout est fini. Silence.

Une feuille en tombant fait ombre sur la lune.
Des pas. Un souffle d’air. Et le calme nocturne
Est si pur, si profond, que nos âmes s’entendent.

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