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LE CŒUR SOLITAIRE 73

XXIV

Je te vois anxieuse et belle de pâleur ;
Le sang fiévreux afttue et palpite à tes tempes.
Ferme les yeux, prends-moi plus près de toi, sois tendre,
Et que ma chair se fonde à ta bonne chaleur.

La force du désir gonfle ta gorge en fleur ;
Un sanglot fait mourir tes caresses plus lentes,
Et le bruit de nos cœurs tombe au fond du silence.
Mes lèvres à tes cils cherchent le sel des pleurs ;

Un grillon chante, l’àtre est noir, la lampe éteinte.
Tu m’attires vers toi dans un demi-sommeil
Et mon baiser t’arrache une amoureuse plainte.

L’heure, comme un ruisseau dans les herbes, s’écoule ;
Et je rêve d’un seuil accablé de soleil
Où le fidèle essaim des colombes roucoule.