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MAURICE DE GUÉRIN

au fond de chaque lettre : Ecrasons l’infâme, c’est-à-dire la religion catholique. Pour moi, je ne cesserai d’y mettre : je t’aime, je t’aime.

« Je ne puis pas te dire les places que j’ai, n’ayant pas encore composé. Adieu, je n’en puis plus, je souffre trop pour pouvoir continuer. »

Maurice se fit bientôt remarquer au séminaire par ses moyens et sa bonnec onduite. Sur ce qui fut dit de lui à l’archevêque de Toulouse, Mgr de Clermont-Tonnerre, ce prélat voulut se charger de son éducation. Il en fit l’offre pressante à mon père qui reçut la même faveur de M. de Bernis, archevêque de Rouen. Néanmoins, Maurice demeura sous la direction paternelle. A treize ans, il fut envoyé à Paris, au collège Stanislas, où il obtint les plus brillants succès, et des affections distinguées et profondes qui se témoignent encore après sa mort. Il demeura cinq ans sans retourner au Cayla. J’eus pendant ce temps communication des développements et impressions de son âme, et de cette mélancolie profonde que semblait lui donner le sentiment confus des choses à venir. Quand il revint, à la fin de ses classes, je le trouvai tout empreint de cette tristesse. Rien ne lui plaisait, que les promenades qu’il remplissait d’épanchements de cœur et d’observations sur la nature. Il y a tel site au Cayla, tel