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Il fut bien convenu que Caroline serait de la partie.

De bon matin tout le monde fut sur pied. Au dire de Mariange, il faisait une température exemplaire. À peine un souffle de vent, pas de mer, un temps couvert qui exciterait le poisson à mordre, que pouvait-on souhaiter de mieux ?

Après une messe matinale, ils se mirent en route vers le bassin où le yacht de Lauréat était amarré. Il en enleva la bâche et ils appareillèrent… Les deux femmes avaient installé le panier à provisions à l’abri ; elles prendraient place sur la banquette du fond, avec Darcinette qui à peine assise se mit à tapoter l’eau. De l’huile flottait en faisant des taches irisées. Une odeur douceâtre y régnait et l’engin ne répondait pas aux manœuvres.

Le canotier sur le derrière de la tête, Lauréat suait à grosses gouttes et ne parvenait pas à faire décoster son embarcation. Des rentiers qui fumaient paisiblement leur pipe, sur un banc, au bord de l’eau, lui donnaient des conseils ; d’autres le taquinaient :

— Il a pas attrapé le va-vite, ton yacht, à matin, Auréat ?