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ger, le petit Salvator, fort en peine de répondre à la moindre question de grammaire, qui se gaussait de l’illustre publiciste et s’exclamait à propos d’une insignifiance : « C’est égal ! on a les pensées de Montesquieu ! » Caroline voulut leur substituer des apostilles. Philippe ne protesta pas. Il nageait dans le rêve. Quoi qu’il se portât comme un charme, il retournait fréquemment à l’hôpital et abondait en éloges sur la distinction et l’habileté des gardes-malades. « D’une » garde-malade, conclurent tous les esprits.

D’autres feuilles embauchèrent le pas après « La Voix des Érables ». Une remarque en attirait une autre. De sorte qu’un commerce spirituel, sans une teinte de malice, s’établit de journal à journal. De nouvelles rubriques surgissaient chaque semaine. C’était à qui aurait la plus piquante, Ainsi il y eut : « Entre l’enclume et le marteau », « Piqûres d’épingles », « Tout le monde y passe » et bien d’autres. Le plus assidu à citer « Agathe » et ses notules avec bienveillance était « Le Vent de l’Est ».

Or Caroline, profita d’une période tranquille pour mettre un peu d’ordre dans les découpures. Entourée de vieux journaux, elle triait recettes, bons conseils, secrets de beauté et les rangeait dans le classeur. Dans « Le Vent de l’Est », elle trouva un conte de Noël signé « Rose-Aimée » ; il la captiva au point qu’elle le lut au complet, mais tout le temps qu’elle lisait, et bien qu’il s’intitulât inédit, elle avait l’impression de l’avoir déjà lu. Elle se creusait la tête pour trouver où. Soudain, presque sûre de son coup, elle tira de la bibliothèque « J’ai huit enfants » de Jacques Péricard et chercha le chapitre