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barbes de glaçons luisants comme des diamants ; sur les buttes, il ardait les neiges et les ciselait en des bouquets géants. Même les arbres découronnés par le verglas relevaient la tête et déjà, des chatons voulaient pointer au bout des branches.

Partout, partout une coulée de lumière et de joie se glissait le long des êtres. Il n’y eut plus ça de malice, ni ça de noirceur dans le monde. Comme allégées de quelque lourd secret les maisons respiraient. Sur leur couche les malades reposaient et découvraient une raison nouvelle d’entrevoir l’heure de la guérison. Au fond des cœurs la miséricorde chassait l’amertume : éternelle résurrection, le printemps éclatait.


Tout l’Anse-à-Pécot participait à la fête. Mariange au lendemain des jours gras avait entrepris de piquer un couvre-pieds. Au bout d’une semaine ou deux, elle s’était découragée devant la longueur de l’ouvrage. Les beaux jours lui redonnèrent de l’ardeur : elle piquait sans relâche. Le monde lui paraissait parfait et elle n’avait rien à redire sur rien.

Quant à Darcinette, elle tourmenta sa