— Non, approuva Didace. Si tu parles de dompter quelqu’un, t’as pas l’homme en mains.
— C’est en quoi, reprit Laure Provençal. Quand une fille a le malheur de s’amouracher d’un gars qui est pas domptable, elle a toujours la ressource de se dompter, elle !
— Pas Angélina ! dit Phonsine.
Les femmes parlaient toutes ensemble.
— Pourquoi pas elle ?
— Parce que le Survenant lui dépensait son argent à boire ?
— Parce qu’il riait d’elle ?
— Il a jamais ri d’elle, protesta Phonsine. Il s’est même battu pour elle.
— Je sais ben une chose : pour chaque cenne qu’il m’aurait dépensée, cent larmes j’y aurais fait verser.
Laure Provençal crut que l’Acayenne venait de parler. Elle se tourna de son côté :
— Vous m’avez l’air d’une femme capable de faire votre chemin ?
— Mon chemin ? Il me coûte le prix qu’il me coûte. Seulement… aujourd’hui, j’ai pas un souci.
Phonsine, en colère, se dit : « Je crois ben. Sa vie est assurée sur la terre, tant qu’elle portera le nom de Beauchemin. Elle est pas à plaindre. »
— Mon Varieur, lui… commença l’Acayenne.