Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.
93
MARIE-DIDACE

le Survenant irait au concert. Comme de fait, sur le soir, il vient emprunter à mon père le Blond et la voiture légère. Quand je me suis vue fine seule pour la veillée et lui à se barauder, peut-être avec une autre, le cœur m’a manqué, et je lui ai demandé de m’amener.

— T’étais pas fière ! lui reprocha Marie-Amanda.

Sur son visage pur comme l’air du matin, un nuage passa. Elle songeait : « Se plier à toutes les fantaisies d’un homme, s’humilier devant lui, ce n’est pas le bon moyen. »

L’infirme la dévisagea :

— Aurais-tu fait mieux à ma place ?

Marie-Amanda ne répondit pas. Angélina continua :

— Puis j’avais vu la belle Bernadette Salvail toute toilettée prendre le chemin de Sorel.

Son sens de l’économie dominant soudainement sa peine, l’infirme s’indigna :

— Elle, dépensière comme elle est, quoi c’est que ça peut ben lui faire de mettre au serein son beau chapeau de leghorn ?

L’indignation d’Angélina fit sourire Marie-Amanda. L’infirme se radoucit :

— Après s’être fait prier, il a fini par consentir à me laisser embarquer. Mais il avait pas de la façon à en revendre. Oui. Non. C’était toute la