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MARIE-DIDACE

puis se laissaient choir : de vraies boules de neige.

— C’est l’hiver dit Angélina, vaincue.

Elle attendit que la voiture se fût éloignée. Puis elle alla ramasser une croûte qui en était tombée.

* * *

Angélina fut la première rendue chez les Beauchemin. Aussitôt, elle se mit à délayer de la pierre bleue avec un peu de farine. La courtepointe était déjà tendue sur le métier, soutenu par une chaise aux quatre coins. Au fur et à mesure que les voisines arrivaient, apportant leurs ciseaux et leur dé, elles se taillaient de l’ouvrage. Deux trempèrent dans le liquide bleu une ficelle qu’elles tirèrent au bout de leurs bras. Puis elles la laissèrent retomber, tantôt sur le droit, tantôt sur le biais, de façon à dessiner sur le tissu des pointes à diamant. D’autres préparaient à l’avance de longues aiguillées de fil, des aiguillées de paresseuses, disaient-elles, qu’elles plaçaient près des ciseaux passés à la pierre douce.

Encore plus emmitouflée que de coutume, la mère Salvail arriva la dernière. Tout essoufflée, les mains tendues à la chaleur du poêle, elle ne se décidait pas à se dépouiller de ses atours.