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MARIE-DIDACE

Dans un geste d’impuissance, Didace leva les bras. Cela le dépassait :

— Ah ! l’ordre leur vient de ben loin… et de ben haut… Les Sauvages disent que, quand les outardes brouillent leur vol, comme t’as vu, le vieux chef cède sa place à un plus jeune qui s’exerce, puis qui prend la tête ensuite.

Une heure plus tard, à l’autre bout de l’Île l’on hissa une guenille rouge au bout d’un bâton. C’était le signal convenu : on venait de capturer le cheval. Didace n’en éprouva pas de satisfaction. Le cœur lourd, assailli de nostalgie, il demeura songeur jusqu’au soir.

* * *

Après, la vie recommença inchangée en apparence au Chenal du Moine. Mais l’Acayenne avait perdu son importance aux yeux de tous, sauf de Phonsine et d’Amable qui entretenaient pour elle la même aversion. La paroisse ayant repris la première place dans l’esprit des hommes, les voisines, leur jalousie étanchée, eurent vite ramené l’Acayenne au même plan qu’elles.

Même le père Didace ne portait plus à sa femme une attention aussi grande, ni aussi affectueuse,