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MARIE-DIDACE

L’Acayenne riait aux larmes. Les chairs lui tremblaient de gaieté. À tout moment elle devait essuyer son visage en chaleur. Le père Didace, un étonnement enfantin dans le regard, l’admirait.

— Que j’suis donc ricaneuse ! lui dit-elle. Il faut pas que je rie trop, parce que quand je ris de même, on dirait que la pointe du cœur m’enfle.

Odilon Provençal releva durement Joinville, par les épaules, et partit avec lui.

— J’vas vous dire, expliqua Catherine Provençal, il se pense chez-nous.

— Comment ça ? demanda Bernadette Salvail.

— Ben, l’autre samedi, il est revenu de Sorel ben chaud, pas rien que chaudasse, ben en fête. Mon père l’attendait. Comment, s’il l’attendait ! En l’apercevant, il lève la porte de cave et l’envoie réfléchir à la fraîche. Il pensait de le punir comme il faut. À c’t’heure, quand mon Joinville arrive en boisson, la première chose qu’il fait, de lui-même, il va s’enfermer dans la cave. T’as vu ?

— Pareil à la chatte à mon oncle Barthélémy, dit Bernadette Salvail. Quand elle commettait une malpropreté sur le plancher, mon oncle la faisait sortir par le châssis pour la corriger. Après, aussitôt qu’il y arrivait malheur, ho donc ! elle se garrochait dehors, toute seule, le yâble était pas pire !

— Venez pas rire, protesta Rose-de-Lima Bibeau