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MARIE-DIDACE

bitude de ne jamais franchir de front une porte, mais de biais, présentant d’abord à l’ouverture son épaule, puis sa hanche qu’elle avait puissantes et bien fournies.

Cette façon de passer une porte offensait Phonsine, si mince qu’elle pouvait faire son chemin entre deux brins de foin.

« Si la première femme du père Didace la voyait faire, en robe d’indienne claire, pensa Phonsine, avec un regret sincère. Pauvre mère Mathilde, si effacée, toujours en mantelet noir, qui avait le don de disparaître derrière les portes, quand il venait du monde le moindrement gênant. »

* * *

Sur la route du retour, Laure Provençal dit à la mère Salvail :

— La langue doit pourtant y démanger de parler, par escousses. Devant les hommes, comme de raison, elle a pas trop de faire sa belle…

— Les hommes ? Eux autres, du moment qu’une créature a un gros estomac, ils prennent même pas la peine d’y regarder le visage avant de jurer qu’elle est belle comme une image.

— Je viendrai ben à bout de la faire parler. J’ai dans l’idée qu’elle en sait long sur le beau Survenant. Elle a ben dû pacager avec…