Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
MARIE-DIDACE

— Comme ça, reprit Phonsine, mécontente, que tu viennes à mourir, ton Ludger… ?

Marie-Amanda ne la laissa pas achever :

— Pourvu qu’il épouse une personne raisonnable, aimante envers les enfants, à la bonne heure !

Toutefois, la proie d’une panique, elle s’arrêta pour prier intérieurement : « Mais pas trop jolie, mon Dieu, ni trop jeune, s’il y a moyen. » Elle se promit de mieux prendre soin d’elle à l’avenir.

— Le jour que ton père se réveillera, dit Phonsine, je le plains. Je le plains de tout mon cœur.

Marie-Amanda alla à l’armoire. Partout dans la maison régnait un ordre qu’elle ne put s’empêcher d’admirer.

Faisant allusion à l’Acayenne, elle dit :

— Il me semble qu’une femme capable comme elle dans une maison, pour toi qui es déjà pas trop forte, c’est de l’aide ?

Chacune des paroles de Marie-Amanda prenait la valeur d’un arrêt. Lentes à tomber, mais pesantes de sens, de sagesse, de substance, elles collaient à l’esprit. De la terre forte ! À côté d’Amable toujours à court d’arguments, qui bégayait, bredouillait, n’achevait pas ses phrases, surtout lorsqu’il avait raison.

Phonsine la regarda refermer la porte de l’armoire. Marie-Amanda apportait à tous ses gestes