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MARIE-DIDACE

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Comme Didace Beauchemin, Blanche Varieur aimait faire face au vent, comme lui elle était avide d’air et, comme lui, forte et travaillante. Elle réclama, ainsi qu’une faveur, d’aller traire les vaches sur la commune.

Autrefois, Mathilde s’en chargeait. À sa mort, Amable l’avait remplacée et, après lui, le Survenant. Depuis, Amable avait recommencé à s’en occuper. Non seulement Phonsine, d’ordinaire frileuse, n’aimait point traverser le chenal à l’automne, jusqu’au pâturage de la commune, ni patauger dans la glaise de la berge, mais elle n’avait pas bonne main pour la traite. Les vaches, sensibles à sa maladresse, se montraient rétives avec elle. De plus, depuis sa grossesse, l’odeur du lait chaud lui répugnait. Mais l’après-midi même que l’Acayenne parla de prendre la corvée, Phonsine trouva naturel de l’accompagner.

— Pourquoi faire ? lui demanda Amable. Laisse donc l’Autre y aller seule, puisqu’elle y tient tant que ça.