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MARIE-DIDACE

— Ah ! Elle a dû avoir les yeux plus grands que la panse.

* * *

Une lutte sourde pour la maîtrise de tout, dans la maison, s’établit entre les deux femmes. Outre l’accaparement de la tasse, à chaque repas, par la première sur les lieux, elles tissaient leurs journées, comme à plaisir, de rivalités autour de bagatelles. Si l’une plaçait la queue du poêlon à gauche, l’autre s’arrangeait de façon à la tourner à droite. Tout en était ainsi. L’Acayenne, plus expérimentée, s’en faisait un jeu, mais Phonsine, naturellement sans détour, recourait à des ruses déprimantes et elle usait ses forces à accomplir avant l’autre les tâches que celle-ci préférait. Toujours côte à côte, mais jamais cœur à cœur, elles ne s’entraidaient en rien.

Le dimanche suivant, Phonsine se leva tôt, afin d’être prête la première à nouer la cravate de son beau-père. Même Didace s’en étonna :

— T’es ben matin, à matin, la petite ?

Mais l’Acayenne, toujours matinale, l’avait devancée.