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MARIE-DIDACE

— Tu te reprendras, si t’aimes mieux ?

Angélina réfléchit.

— Je pense que… après tout je vas vous laisser l’argent.

— Il y a pas de soin, tu sais, j’ai encore une bonne mémoire. Puis, pour plus de précaution, je marque tout.

L’infirme tira de son porte-monnaie deux billets d’un dollar qu’elle posa sur la table. En même temps le morceau de journal se trouva à sortir.

— En effet, demanda-t-elle à la ménagère, reconnaissez-vous cet homme-là ?

La ménagère examina de près le bout de gazette.

— Un soldat… ouè ! Ça serait-il pas un petit Latraverse qui s’est fait tuer à la guerre ? Tu sais celui que je veux dire : un des garçons à Noé, la grosse tête à Latraverse ?

Angélina ferma les yeux. Comme elle restait sans rien dire, la vieille femme cessa de porter attention au portrait pour prendre l’argent sur la table.

— Mais tu m’en donnes de trop !

— Non, dit Angélina. Je voudrais aussi faire chanter une grand’messe pour un ami défunt.

— Un ami défunt !… Attends un petit brin. Je vas tout t’entrer ça, à la mode, dans mon petit calepin, pour pas qu’il y ait de mélange : « une