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MARIE-DIDACE

Elles continuèrent à causer. La marchande, ainsi que pour ponctuer ce qu’elle disait, laissait sa main morte s’abattre sur le comptoir. Cela faisait un bruit mat, comme des coups de marteau dans la conversation.

La clientèle ne les dérangeait guère. Un petit garçon vint demander à acheter du bonbon. Le nez écrasé sur la vitre du comptoir, il examina chaque boîte, sans arrêter son choix. Il prit une pipe de tire rouge à la cannelle, mais aussitôt des souris de jujube reliées par un élastique, à deux pour un sou, lui parurent une aubaine. Pour les aveindre, la marchande dut sortir une boîte non entamée de cochons de guimauve trempés dans le chocolat, dont le museau seul demeurait en sucre rose. L’enfant tremblait d’excitation :

— Des petits cochons de tirasse qui s’étirent, puis qui s’étendent, j’en veux un.

Mais à peine en possession du bonbon, la convoitise le fit loucher sur un sifflet de réglisse. La marchande y mit le hola.

— Décide-toi. J’ai pas rien que ça à faire que d’attendre tes appoints.

L’enfant s’élançait au dehors, le cochon de guimauve à la main. D’un cri la marchande l’arrêta :

— Aïe, Tit-gars, t’oublies de donner ta cenne !

— C’est pour marquer !