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MARIE-DIDACE

dépassée, Angélina resta stupéfaite : assise au bord du puits, Phonsine tenait pressé contre son cœur un objet qu’elle berçait comme la tête d’un bien-aimé. S’étant approchée Angélina vit que c’était la tasse, la tasse que Phonsine aimait tant et qu’elle n’emplissait jamais jusqu’au bord.

Le docteur, qui était déjà rendu, vint soulever la paupière de Phonsine. David Desmarais le suivait. Les uns après les autres, attirés peu à peu par le rassemblement, quelques hommes et des femmes surtout, accouraient. Ils se tenaient ensemble, à l’écart, plongés dans la consternation.

« Il est arrivé un grand malheur, leur dit le docteur, en enlevant son gilet : l’Acayenne est morte. Rien de surprenant, elle a avalé une grosse dose de médicament. Peut-être qu’elle aurait duré une semaine ou deux, mais pas plus : elle était marquée. Quant à la petite femme, elle est bien ébranlée. Elle a eu un vrai choc. J’attendais ça depuis longtemps. Elle a saigné à la tempe, ça peut la sauver. Deux hommes vont la transporter dans la maison. — Il baissa la voix —. Je veux lui appliquer les sangsues dans la figure. »

Il fit signe d’éloigner Marie-Didace, mais elle n’y consentit pas.

Vincent et Joinville Provençal s’avancèrent pour