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MARIE-DIDACE

Didace avait dû courir et tomber en chemin : le sang coulait sur sa jambe déchirée et souillée de terre.

— D’où c’que tu sors, pour l’amour du ciel ?

Au lieu de répondre, l’enfant se remit à pleurer. David Desmarais entra.

— Braille pas, ma fille. Dis-nous ce que t’as.

Marie-Didace se décida à parler.

— Venez vite à la maison ! Venez m’aider !

David l’encouragea :

— Ben oui on va y aller.

Rassurée, Marie-Didace continua :

— Me-mère veut pas se réveiller. Elle me répond pas. Puis maman reste assise, sans grouiller, sur le bord du puits. Il y a personne pour faire le train.

— Beau-Blanc y est pas ?

— Il y a personne, répéta Marie-Didace.

— C’est donc ça que les animaux se lamentaient tant, réfléchit David.

— Courez vite, dit Angélina à son père. Je vous suis.

David partit aussitôt. Angélina mit hâtivement les pommes à cuire avec de l’eau et un peu de sucre à l’arrière du poêle. Puis elle sortit de la maison, avec Marie-Didace qu’elle tenait par la main.

Sur le seuil même, elle dut s’arrêter, éblouie. Après la bruine de la veille, le Chenal étincelait au