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MARIE-DIDACE

— On voit ben que t’as pas souci de rien, dit Phonsine en s’élançant.

À sa grande surprise, Marie-Amanda la vit franchir la butte de terre forte, le banc de marée moelleuse et, sans ralentir le pas, atteindre le sable de la grève, puis embarquer dans la chaloupe où Marie-Didace l’attendait.

— Phonsine, pars pas de même, lui cria Marie-Amanda, incapable de la suivre.

Par le vent contraire, sa voix mourut à la première touffe d’aulnages.

— Phonsine !

Déjà la chaloupe s’éloignait du rivage. L’embarcation coupa la vague, puis gagna l’eau étale du large. L’enfant envoyait, à deux mains, des baisers à sa tante, mais Phonsine tournait le dos à l’Île.

Atterrée, Marie-Amanda resta immobile, au sommet de la berge. « Ils me disent bonne », pensa-t-elle avec remords. « Phonsine venait à moi avec sa peine et j’ai pas su la consoler. »

Aussi pourquoi était-ce toujours son tour de consoler les autres, jamais son tour d’être consolée ? Au moment où elle aurait senti le besoin de s’épancher, Phonsine arrivait avec ses tracas, ses déboires. La pauvre Phonsine ! Marie-Amanda avait cru l’aider en ne s’apitoyant pas trop sur son sort. Puis le