Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/247

Cette page a été validée par deux contributeurs.
247
MARIE-DIDACE

— Tu vois ? dit amèrement Phonsine. Il y a pas à l’éloigner du Chenal. J’ai eu toutes les peines du monde à l’amener.

Marie-Amanda fronça les sourcils. Les lamentations allaient recommencer. Elle se hâta d’envoyer l’enfant.

— Cours vite rejoindre mon oncle Ludger. Pauvre mon oncle, il s’ennuie tout seul dans la chaloupe. Cours à lui. Il va être fier de te voir.

Lorsque Marie-Didace eut dégringolé le talus, Marie-Amanda s’arrêta :

— J’y pense. J’aurais pu t’offrir des noix longues. Les enfants sont allés aux noix hier. En aurais-tu apporté ? Il y a un tour pour les casser : tu les échaudes, la veille. Le lendemain tu les casses sur une roche ou ben sur un fer à repasser. Ça fait une belle culotte.

Phonsine s’arrêta aussi pour regarder la figure placide de Marie-Amanda. Des noix ? Pourquoi faire des noix ? Sans répondre, comme si celle-ci ne lui eût rien offert, elle commença :

— C’est elle, la…

Marie-Amanda, sachant que Phonsine parlait de l’Acayenne, l’interrompit :

— Quoi c’est qui se passe encore ? Écoute, Phonsine, oublie pas, avant de parler, qu’elle porte notre nom !