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MARIE-DIDACE

— Oui, pardon des offenses que j’ai pu te faire, à toi, puis à tous les autres. Même sans le vouloir, des fois on peut faire mal au cœur.

Sa voix était de plus en plus rauque :

— Je veux te remercier également de toutes tes bontés pour moi, pour la famille. T’as toujours été bonne, comme ta mère. Je l’ai pas toujours reconnu comme j’aurais dû.

Il s’arrêta pour tousser. Marie-Amanda, fort émue, se retenait de pleurer. L’enfant en son sein remua. « La vie… la mort… si proches, si loin ! » pensa-t-elle.

Un sifflement entre les lèvres, Didace reprit :

— Les commencements ont été durs. Ben durs. Le premier Beauchemin est arrivé au Chenal en petit capot. Aujourd’hui, regarde ! La maison pièce sur pièce, les champs… Mon père me l’a toujours dit : sans les créatures qui les encourageaient à rester, les hommes seraient repartis, tous, les uns après les autres. Ma mère, ma mère à moi, ça c’était vaillant ! Levée avec le jour à travailler jusqu’aux étoiles. Ça mangeait, mais ça travaillait. Dans l’eau glacée jusqu’à la ceinture, au printemps, pour arracher un morceau de butin à la rivière !

Didace ferma les yeux, les traits étirés. Un peu plus tard, il dit, en montrant de la tête Phonsine et l’Acayenne, dans la cuisine :