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MARIE-DIDACE

plus une Mathilde couleur de terre et toujours soucieuse de dérober aux regards ses vieilles mains, mais une belle jeune femme entre Amable et Ephrem, le fils noyé dans une jonchaie, un midi de juillet, réunis comme sur la petite Sainte-Famille de faïence qui ornait le chiffonnier.

Soudain, Dieu prit la figure d’un divin garde-chasse à qui Didace aurait joué quelques vilains tours dans ce bas monde, mais qui fermait les yeux sur les fredaines des humbles gens. Un divin garde-chasse qui lui permettrait bien de tirer un ou deux coups de fusil et de donner quelque rafale aux oiseaux dans les mares célestes.

Comment Didace avait-il pu craindre un Dieu si grand de bonté, et se tenir éloigné de lui aussi longtemps ?

Après l’absolution, Didace n’était plus le même homme. Un ange, de son aile miraculeuse, l’avait transfiguré. Doucement, il supplia :

— Partez pas, monsieur le curé. Restez. Le soleil est haut. Beau-Blanc ira vous reconduire.

Il suffoquait.

— J’sus avide d’air, depuis à matin.

Le curé ouvrit la fenêtre ; Didace se calma. Il aurait voulu causer de nouveau de l’au-delà et de la vie éternelle, mais trop de souvenirs de leur temps de chasseurs l’assaillaient de toutes parts et