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MARIE-DIDACE

Mais elle le trouva si changé qu’elle se tut. Didace ferma les yeux.

Le père Beauchemin avait eu une attaque d’angine, au milieu de la nuit. Les chasseurs l’avaient couché sur la paille, au fond de son canot, à l’abri du vent, sous le prélart de chasse. Mais ils avaient dû attendre la clarté pour sortir de l’affût et retrouver leur chemin parmi les chenaux. Au jour, les appelants levés et le canot attaché à leur embarcation, l’orage avait éclaté. Vent devant, le canot à la touée, ils avaient lentement remonté le courant. Le soleil brillait haut quand ils arrivèrent à la maison.

— Voulez-vous qu’on vous envoie le docteur ? proposèrent les chasseurs qui retournaient à Sorel.

— Oui, oui, allez chercher le docteur Casaubon, s’empressa de répondre Phonsine.

— C’est ce maudit bras gauche qui veut plus ramer, expliqua Didace.

— T’auras pris de la fraîche, dit l’Acayenne. Moi-même, je t’ai une douleur qui me tient dans l’épaule.

Phonsine pensa : « C’est à croire qu’elle ne cherchera pas à attirer l’attention sur elle. » À genoux aux pieds du père Didace, la jeune femme lui dit :

— Grouillez pas. J’vas vous enlever vos bottes.

Elle essaya de les tirer, sans en venir à bout. Elle tirait mollement comme en rêve. Où avait-elle ac-