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Tantôt sautant à cloche-pied, tantôt allongée sur l’herbe à surveiller le vol des oiseaux, Marie-Didace guettait depuis le matin le retour de son grand-père. La première elle vit approcher du Chenal le canot que montaient les deux chasseurs, et, à la traîne, un deuxième canot, le canot du père Didace, qui paraissait allège.

Elle courut le dire à l’Acayenne occupée à coucher les plants de tomates, dans le potager. Du fournil, Phonsine entendit.

— Quoi c’est que ça peut vouloir dire ? Y serait-il arrivé quelque accident ?

Les bras éloignés du corps, la tête dans les épaules et les traits si tirés que Phonsine fit le saut en le voyant, Didace, soutenu par deux étrangers, s’appuya au chambranle de la porte, avant d’entrer dans la maison.

— Vite ! Arrachez-moi mon butin ! J’étouffe !

L’Acayenne, satisfaite d’avoir raison, commença à le narguer :

— Hein, t’as pris du mal ? Je te l’avais-ti prédit, hier ?