avait racontée à la petite. Phonsine la reconnut aussi et elle souffrit de voir la place que sa belle-mère occupait dans l’esprit de l’enfant.
— Trente ans d’abord, corrigea Marie-Didace. Tu frappes à toutes les maisons. « A vous vu ma Julie ? » Moi je demande : « A vous vu mon Julot ? » Commence !
Tit-Côme, en sautillant comme un moineau, s’adressa aux piquets de clôture, aux arbres, au foin : « A vous vu ma Didace ? »
La petite, mécontente, le reprit de nouveau :
— Non, ma Julie !
D’un ton grave et triste, pour donner l’exemple à son compagnon, elle alla demander à Didace, à l’Acayenne, à l’engagé : « A vous vu mon Julot ? »
— Après ? questionna Tit-Côme qui ne s’amusait pas.
— Écoute. Un dimanche, c’est la procession. Je porte un grand voile de veuve.
Elle ramassa une guenille et s’en couvrit la figure. Puis elle prit un bout de bois qu’elle remit à Tit-Côme.
— Toi, t’es vieux. Tu boites. Tout d’un coup, tu m’aperçois. Tu t’en viens me trouver.
Les enfants mimèrent l’histoire.
— Eh ! madame, là, troussez votre voile, ordonna Tit-Côme.