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MARIE-DIDACE

de mousquets ; puis, quand les Sauvages enlevaient les femmes et les forçaient à vivre sous la tente comme des Sauvagesses. Depuis, les Beauchemin ont-ils lutté pour abattre la forêt, pour acquérir, ensuite pour conserver le petit lopin de terre, la maison, lutté contre l’eau, lutté contre les glaces, contre toutes sortes d’ennemis, tandis que ceux des vieux pays jouissaient.

Marie-Didace tirait son grand-père par la manche :

— Pe-père, écoute !

— Quoi, ma fille ?

— Écoute : la grive demande de la pluie.

Didace sourit à sa petite-fille :

Pauvre petite ! Qui sait si ce n’était pas à la suite de toutes ces misères que le sang des Beauchemin avait fait un remous dans Amable. Didace pensa : « Notre guerre, on l’a eue ! L’un à la joie, l’autre à la peine, c’est le roule du monde ! »

— Il y a pas l’ombre d’un doute, conclut-il, on va hausser les prix.

Il tira une touche profonde, à sa pipe :

— Puis la guerre marche toujours ? Quoi c’est qu’ils en disent sur la gazette ?

— Pas ben… ben de quoi. Pour parler franchement…